Modèle biopsychosocial, mécanotransduction, tenségrité, épigénétique.

L’ostéopathie applique de plus en plus le Modèle Bio Psycho Social présenté comme un modèle pratique et théorique qui tient compte des facteurs psychologiques sociaux et pathologiques du patient, partagé avec les autres professionnels du soin.

C’est « l’expression multifactorielle » ou modèle biopsychosocial (MBPS) sur l’environnement de la personne. Ce modèle théorisé par Engel dans les années 1970 est une démarche globale autour du patient. Il met en avant la santé et la maladie comme le résultat de l’interdépendance de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.  On retrouve précisément, dès le début, cette démarche en ostéopathie qui réunit la structure, la fonction et le psychosocial dans son approche thérapeutique : l’aspect biologique lié au corps vivant en mouvement, le psychologique rattaché au stress aux émotions et le social dans un contexte de vie constitué de relations, de conditions socio-économiques, les traumatismes du passé et les particularités culturelles[1] [2]. En réalité, tout soignant qui veut appliquer une thérapie intégrative, passe par ce modèle, science de l’éducation  comprise, qui n’est pas une spécificité ostéopathique et ne justifie ni explique la physiologie.

Le MBPS est une approche globale mais il ne remplace pas un sociologue, une assistante sociale ou un psychothérapeute. Chaque discipline s’exprime en fonction de sa spécificité et des besoins du patient ou de la patiente.

Ce modèle estime que la santé et la maladie proviennent de l’interdépendance des trois facteurs qui agissent principalement de l’extérieur, de l’environnement sur la personne.

Un autre aspect depuis le début est l’affirmation d’être une philosophie sans prendre en compte le fait qu’elle n’en est pas une à part entière, elle s’en inspire. « Une véritable philosophie du soin sous-tend l’ostéopathie, quoi qu’en disent ses détracteurs, souvent mal intentionnés ou simplement mal informés … »[3]

Nous savons que la philosophie est une réflexion sur les savoirs pour penser mieux et vivre mieux au service d’une discipline du soin. A cet égard, elle a toute sa place dans la théorie et la pratique de l’ostéopathie. En médecine, il y a quelques dizaines d’années, tout comme en kinésithérapie, c’est comme cela que la génération des années 80 l’a vécu, l’enseignement prenait en compte « les humanités », qui intégraient aussi la philosophie.

Comme l’ont dit Alexis Zimmer, Céline Lefève et François Thoreau dans leur ouvrage collectif : « …Les humanités médicales constituent un champ de recherches et de pratiques en plein essor. Elles interrogent les savoirs et les pratiques en médecine en mobilisant l’histoire, la philosophie, les sciences sociales et les arts. Les humanités médicales ne viennent pas, tels des compléments ou des suppléments, « humaniser » les savoirs et les pratiques de la médecine, ni simplement en éclairer les aspects politiques, sociaux ou éthiques ; plus fondamentalement, elles analysent comment ces savoirs et ces pratiques sont des constructions politiques et sociales, intellectuelles et morales. Les humanités médicales contribuent ainsi à renouveler les objets et les pratiques de la médecine, en mettant en œuvre avec elle des collaborations informées et critiques…. Par son approche multidisciplinaire, il investit des problématiques qui font appréhender autrement les questions de santé et de soin, notamment : la culture médicale, le management à l’hôpital, la place de l’industrie pharmaceutique dans les sciences et la formation médicale, les apports et limites de la « santé globale », les relations entre les milieux et les maladies, les enjeux de la narration en médecine, l’introduction des humanités dans la formation médicale, etc…. »[4]

D’autres auteurs développent cette conception globale propre à une démarche intégrative : « …L’ouvrage vise à comprendre ces phénomènes en commençant par reconstituer le contexte de la médecine dominante, qui n’a jamais pu se réduire à une science parce qu’elle a affaire avant tout à des hommes malades et pas seulement des maladies. Il s’agit ensuite de restituer la complexité de ces médecines alternatives, leurs thèmes de prédilection, le portrait de leurs adeptes, le mélange d’imaginaires et de rationalité qui traverse leurs discours et leurs pratiques. Ces analyses autorisent-elles à les rejeter comme des leurres, encouragent-elles, sous certaines conditions, à plaider en faveur de leur réévaluation dans nos systèmes de santé ? La question est abordée en fonctions des grands défis de notre époque et des mutations générales de la rationalité contemporaine ». [5]

Ainsi, la philosophie, en tant que réflexion, en fait partie comme elle l’a toujours été dès les premiers moments de la médecine. De même que les Arts sous toutes leurs formes, Art-thérapies comprises, sont aussi des disciplines à retenir pour l’amélioration de la personne.

Un autre aspect primordial est l’amalgame malheureux d’une conception qui dépasse largement la compréhension et la pratique de l’ostéopathie, c’est « la place de Dieu dans l’acte thérapeutique ». Lors d’une interview par la paroisse Les Dominicains de Lyon auprès de Jean-Marie Gueulette[6] le 1 janvier 2015 sur l’ostéopathie, sa réponse fut la suivante : « L’ostéopathie est une manière très originale d’envisager l’être humain, son rapport à la maladie et à son environnement. Beaucoup de notions présentes dans le discours ostéopathique ont encore besoin d’être clarifiées, mais il est très stimulant d’entendre les questions qu’elle pose, parmi lesquelles celle de la place de Dieu dans l’acte thérapeutique ».[7]

Nous sommes très loin de la nécessité et de l’exigence dont l’ostéopathie a besoin. Il aurait été préférable, en son temps, de demander à un philosophe et non à un philosophe-théologien, de disserter sur l’ostéopathie lors de symposiums organisés par le ROF.  Pour cet auteur, on ne peut envisager la pratique de l’ostéopathie sans prendre en compte la notion de Dieu ! [8] C’est pourquoi, la religion étant une idée comme une autre et s’en inspirer comme explication, justification et référence d’une discipline telle l’ostéopathie qui demande rigueur, est hors propos dans ce contexte et particulièrement préjudiciable surtout venant d’un « docteur ».

Dans ces conditions, quelle est la démarche thérapeutique qui justifie une pratique plutôt qu’une autre et va agir directement sur les patients ou les patientes.

Tout comme l’orthophoniste prend en compte le modèle BPS mais s’exprime par un travail précis et pratique sur le corps et tout l’appareil phonatoire, c’est du spécifique dans une globalité.

Il en est de même pour le médecin qui donnera le traitement adéquat dans sa spécialité incluse au sein de cette compréhension générale environnementale. C’est aussi du spécifique dans une globalité.

« Le chirurgien de la main doit être capable de l’extrême minutie qui atteint son maximum dans la chirurgie microscopique, mais il doit, dans l’examen du malade, et dans la décision thérapeutique utiliser le large champ de vision qui comprend le membre supérieur tout entier et le patient lui-même avec ses lésions, ses possibilités physiques, intellectuelles et morales »[9]. C’est aussi du spécifique dans la globalité.

L’autoguérison prônée en ostéopathie est partagée avec d’autres acteurs du soin à l’instar du chirurgien qui considère la cicatrice comme une preuve porteuse du pouvoir d’autoguérison du corps.

De cette manière l’interrelation structure/fonction, la prise en charge globale et l’autoguérison sont largement partagées par tous les soignants dans des proportions variables. Ces principes ne sont donc pas uniques à l’ostéopathie.

Il convient de se pencher sur les justifications et les applications des principes et des techniques enseignées et pratiquées.

L’application du MBPS participe à l’amélioration de l’expression de la santé du patient ou de la patiente, sur son environnement, dans 50% des cas environ et suivant les motifs de consultations. C’est ce que j’ai pu constater après 48 ans de pratique tout comme d’autres confrères de ma génération. Dans les autres cas de figure, soit 50%, il sera indispensable d’être efficace avec l’application de techniques maîtrisées un peu « à la manière d’une loupe qui focaliserait les rayons du soleil pour un point incandescent optimal ». Le MBPS développe une partie très psychologique alors que les ostéopathes ne sont pas formés à une telle science. L’approche pluridisciplinaire est prônée par tous les soignants et il est préférable de laisser un psychologue œuvrer dans sa spécialité tandis que l’ostéopathe se manifestera par sa manualité.

L’utilisation de techniques après une anamnèse poussée et un diagnostic ostéopathique, sont le reflet de l’application de principes et de justifications scientifiques recevables. C’est pourquoi il est indispensable de s’investir dans la sémiologie, dans un premier temps, pour reconnaître les cas à ne pas traiter et relevant d’une thérapie mieux adaptée, c’est l’interdisciplinarité prônée par tous les soignants. Par exemple ne pas reconnaître les signes d’une pleurésie pris pour une dysfonction de côtes chez une patiente âgée, ne pas reconnaître les signes d’un anévrisme aortique abdominal, ou ceux d’une ostéonécrose aseptique de la tête du fémur visibles à la radio une semaine après un traumatisme direct afin d’éviter une fracture quasi spontanée sur table. Connaître les signes, n’est pas poser un diagnostic mais évite de faire la technique qui aura des répercussions néfastes et irréversibles, l’ostéopathie ne traite pas des maladies.

Chaque exemple mériterait un développement, ce n’est pas le but de ce texte. Pour prolonger ce récit, nous savons que les liquides n’ont pas de mobilité propre ni de motilité, seuls les tissus contractiles et élastiques, cellules comprises, ont un effet sur la circulation liquidienne. Les techniques ostéopathiques cutanées dites liquidiennes comprenant aussi l’approche vasculaire, sont des techniques tissulaires intégrant le neurovégétatif en stimulant ou inhibant le sympathique et le parasympathique rejoignant en ce sens la mécanotransduction.

En conséquence, la partie de traitement qui s’intéresse aux dysfonctions et nécessite un traitement ostéopathique sur et dans la personne s’effectue par des techniques sur les tissus cutanés directement et indirectement telle que la mécanotransduction comme le décrit Lucie Brosse dans sa thèse : « La mécanotransduction consiste en la conversion de signaux mécaniques en signaux biologiques et est impliquée dans de nombreuses fonctions physiologiques. Parmi elles, la mécanosensation, médiée par le système sensoriel somatique, regroupe trois modalités sensorielles principales : le toucher léger, la perception de la douleur mécanique et la proprioception. Au niveau moléculaire, les senseurs de la mécanosensation sont des canaux ioniques activés mécaniquement (AM) exprimés aux niveaux des terminaisons nerveuses des neurones sensoriels des ganglions dorsorachidiens, dont les projections innervent l’ensemble du corps. L’activité des canaux ioniques AM génère plusieurs types de courants qui diffèrent par leurs cinétiques d’adaptation en réponse à une stimulation mécanique ». [10]

Cette même explication se retrouve dans le mémoire d’ostéopathie de Géraldine Glasser : « …La lésion ostéopathique est localisée au sein du Tissu Conjonctif (T.C.). La lésion est structurée dans le conjonctif : elle signe objectivement le remaniement structural d’un point de vue mécanique, vasculaire et neurologique. Le T.C. est le niveau d’organisation avec lequel l’ostéopathe va agir. Cet énoncé, admis comme une vérité, est le fondement de notre concept. Cependant, on ne peut nier la méconnaissance de la réalité concrète de la lésion mécanique. Notre raisonnement s’est construit autour de l’hypothèse d’une possible matérialité de la lésion ostéopathique au sein du T.C. Qu’en est-il ? En quoi consiste cette réorganisation architecturale ? Quels sont les éléments du T.C. qui participent à la lésion ? De plus, notre raisonnement repose sur une très vraisemblable action « réflexe » neurovasculaire orthosympathique qui par vasodilatation entrainerait une modification des qualités mécaniques du T.C. En d’autres termes, l’acte est mécanique ; le but est vasculaire et l’outil est neurovasculaire. Pourtant, au possible effet réflexe vasculaire orthosympathique préexiste inévitablement un effet mécanique sur le tissu. Quelle est l’importance de l’effet de la mécanique sur le tissu avant tout aspect réflexe d’ordre neurologique ? Peut-être mésestimons-nous l’implication de l’aspect mécanique en termes de régulation fonctionnelle des tissus…. Ce travail de recherche se base sur une revue de la littérature et constitue un travail réflectif dans le cadre d’une enquête bibliographique. Le décorticage des écrits actuels sur ces sujets va nous permettre de confronter, d’étayer et peut-être offrir une nouvelle lecture de la Lésion tissulaire réversible (LTR). »[11]

Dans ce mémoire page 25 et 27, il est mentionné la notion de tenségrité issue des recherches de Donald E. Ingber, biologiste cellulaire et bio-ingénieur, qui a profondément transformé notre compréhension de la manière dont les cellules réagissent aux forces mécaniques. Son modèle de tenségrité cellulaire décrit la cellule comme une structure dynamique où les tensions et compressions se répartissent à travers le cytosquelette, reliant la matrice extracellulaire jusqu’au noyau cellulaire. Cette architecture permet aux cellules de percevoir et de répondre aux sollicitations mécaniques — un processus appelé mécanotransduction.[12]

En outre, l’approche d’Ingber permet de relier le geste ostéopathique à des mécanismes biologiques reconnus, ouvrant la voie à une intégration élargie de l’ostéopathie dans le domaine de la biomédecine contemporaine. Cette même approche soutient également une vision systémique du corps, dans laquelle la structure, la fonction et l’autorégulation sont étroitement liées.

Dans ce même ordre d’idée, et pas des moindres, la thèse de doctorat en neurosciences de Roselyne Lalauze, apporte des éléments clés pour comprendre comment l’ostéopathie peut influencer l’épigénétique dans le cadre des syndromes cranio-maxillo-faciaux pédiatriques.

« Le but de cette thèse est de proposer et démontrer si l’ostéopathie peut amoindrir précocement les déficits de croissance faciale chez les enfants atteints de syndromes congénitaux. Un logiciel « FACE » a été utilisé pour analyser anonymement la croissance faciale via des images thermiques sur un groupe de plus de 300 enfants eumorphiques (1 mois à 7 ans), divisé en classes d’âge basées sur le périmètre crânien et l’éruption dentaire. Cela a nécessité la participation d’un service hospitalier de chirurgie maxillo-faciale pédiatrique, intégrant l’ostéopathie depuis 20 ans, grâce à l’opiniâtreté de Roselyne Lalauze. Les résultats de cette étude ont montré une réduction quantifiée des déficits de croissance via la mécanotransduction influençant les modifications épigénétiques durant le développement cranio-facial. Les contraintes mécaniques appliquées pourraient moduler l’expression de gènes impliqués dans la croissance tissulaire comme la méthylation de l’ADN ou les modifications d’histones. Cette prise en charge pluridisciplinaire par une intégration de l’ostéopathie aux équipes chirurgicales a optimisé les résultats fonctionnels et esthétiques avec une intervention dès les premiers mois de vie pour potentialiser la plasticité tissulaire et épigénétique.

On constate une perspective novatrice où l’ostéopathie pédiatrique, en agissant sur les mécanismes épigénétiques via la mécanotransduction, pourrait modifier durablement le développement tissulaire. Ces résultats justifient une intégration renforcée de l’ostéopathie dans les protocoles pluridisciplinaires, tout en appelant à des recherches fondamentales pour consolider les hypothèses avancées ».[13]

En d’autres termes, le MBPS agit de l’extérieur en rectifiant l’environnement et les comportements du patient pour agir sur sa santé, tandis que l’épigénétique thérapeutique agit de l’intérieur en transformant l’expression génétique cellulaire de tous les tissus par le processus de mécanotransduction.

En somme, pour avancer dans la justification des principes et des techniques ostéopathiques, tels qu’ils sont enseignés en collège, il serait nécessaire d’en faire une synthèse afin d’analyser leur niveau de crédibilité.

Si nous reprenons les principes enseignés en ostéopathie et leurs justifications, il faut reconnaître qu’un bon nombre retient notre attention : le Mécanisme Respiratoire Primaire (MRP) n’est pas le reflet de la mobilité des os du crâne qui ne bougent pas sauf pour les sutures du crâne des enfants mais plutôt la viscoélasticité de tous les tissus, la lésion ostéopathique première à l’origine de la disparition des autres secondaires n’a pas de validité car non constatée, le mouvement unitaire des tissus est un leurre ils ont tous un rythme propre, le repérage précis des organes est très aléatoire, le pouvoir de la pensée sur la structure reste une pensée, les « lois » vertébrales ne se retrouvent pas car il y a autant de « lois » qu’il y a de personnes, faire revivre une naissance difficile en « déroulant » les tissus pour les « déprogrammer » est peu envisageable surtout si le nouveau-né est né par césarienne, la puissance liquidienne dépend essentiellement des tissus contractiles et élastiques et les liquides n’ont aucune mobilité et motilité propre, la dure-mère souple et extensible ne peut transmettre de mouvements entre  le crâne et le sacrum comme pourrait le faire un câble rigide, ne pas percevoir l’agénésie d’un rein et être satisfait de l’avoir traité, les techniques dites quantiques restent du domaine de l’imagination selon l’adage « vas voir là-bas si j’y suis » ne se vérifie jamais, je ne peux être qu’à un seul endroit à la fois, sauf dans des expériences de laboratoire sur des particules et dans des approches physiques qui dépassent largement la reconnaissance des tissus.[14] [15]   Il est déjà assez délicat de percevoir les tissus  dans leur simplicité autant ne pas compliquer la tâche.

Pour prolonger cette réflexion sur les principes des techniques, certaines références ont le vent en poupe comme l’approche quantique appliquée au soin. Pour l’instant, il n’y a pas de démonstration scientifique directe que la physique quantique s’applique à l’ostéopathie. Une particule peut exister simultanément dans plusieurs états possibles avant qu’une observation fasse disparaître cet état. Donc élaborer une thérapie quantique en toute conscience est vouée à l’échec, tout se passe indirectement et inconsciemment.

Nous voyons bien actuellement par les différentes études universitaires que la mécanotransduction, la tenségrité et l’épigénétique laissent entrevoir avantageusement une perspective de démonstration et de compréhension au profit de l’ostéopathie. Ce sont des études scientifiques qu’il serait bien de mettre en exergue. Chaque thèse étudie une partie des justifications ostéopathiques et c’est la somme de toutes ces études ciblées qui donnera une cohésion à cette discipline, la rendra crédible et recevable. Le modèle MBPS largement utilisé dans les études de médecine intégrative, est intéressant et nécessaire sur l’approche environnementale de la personne, cependant ne donnera pas d’explication sur la bio-neuro-physiologie qui représente la pratique essentielle et la spécificité de l’ostéopathie à l’origine de la libération tissulaire : sa manualité originale.

A présent, il serait intéressant d’appliquer ces principes dans les programmes des collèges et enseigner ce que démontrent les sciences. Pour cela les enseignants devraient posséder toutes ces théories, connaître les principes, les techniques, leurs justifications et ne plus faire référence à celles du passé pour la plupart.  Un autre point très important est de réduire le nombre de collèges, mais lesquels accepteront de le faire au nom d’un juste équilibre comme on peut le trouver au Royaume-Uni. Et quel intérêt les dirigeants et les enseignants, de plus en plus jeunes sans expérience et recul thérapeutique, affichent pour continuer à œuvrer dans un collège ?

Plus personnellement, j’ai été kinésithérapeute à partir de 1977 et c’est l’impossibilité à améliorer l’état des patients dans certains cas malgré toutes les formations suivies tant en traumatologie, en pédiatrie et surtout en neurologie que je me suis tourné vers l’ostéopathie que j’exerce depuis 1986 où j’ai trouvé des réponses thérapeutiques satisfaisantes. Tout au long de mes études les justifications présentées étaient remplies de points d’interrogations auxquels les formateurs ne pouvaient répondre. Quand on cherche on trouve. Depuis plus de 25 ans, ce que je viens d’écrire, je l’ai présenté auprès de directeurs de collèges, certains enseignants, lors de congrès ou symposiums, sans grand succès.

Nous sommes à un carrefour très important en France car il y a beaucoup trop d’ostéopathes qui peinent à avoir un avenir professionnel satisfaisant, les collèges forment des chômeurs. Inciter de jeunes étudiants et étudiantes à se lancer dans un tel parcours onéreux et sans équivalence alors que l’avenir est bouché   pose énormément de questions sur la finalité des collèges, leur crédibilité et leur honnêteté. C’est un vaste sujet qui devra bien un jour être abordé.

Allons plus loin sur l’efficacité de l’ostéopathie. Bien que ce postulat soit critiqué sous prétexte d’un manque d’études scientifiques, il n’en demeure pas moins que les ostéopathes ont reçu et reçoivent en consultation des kinésithérapeutes, des infirmiers, des orthophonistes, des médecins généralistes, des cardiologues, des gastroentérologues, des médecins rééducateurs, des gynécologues, des dentistes, des orthodontistes, des chirurgiens cardiaques, des médecins psychiatres qui connaissent parfaitement les effets du placebo, dont certains, parmi ces professionnels ont dirigé des mémoires et des thèses de doctorat. Dans la mesure où ils reviennent dès que le besoin s’en fait sentir dont certains quelques fois depuis plus de 30 ans, sans démonstration scientifique stricte, nous pouvons dire que la présence et l’engagement de ces scientifiques donne crédit à l’ostéopathie. Charge aux ostéopathes de mettre en place des protocoles de recherches sur des sujets porteurs de sens et bannir ces critiques mal fondées.

En conclusion la création récente du Collège pour la Formation et la Recherche en Ostéopathie (CFRO) est intéressante. Elle reprend les bases du MBPS et la nécessité d’étudier scientifiquement ce qui caractérise l’ostéopathie dont certains sujets se sont concrétisés par des mémoires ou des thèses. C’est ce dernier volet qui m’apparaît fondamental car les ostéopathes ne sont pas des psychologues ou des assistantes et assistants de service social encore moins des médecins. Les membres fondateurs affichent des compétences universitaires qu’il serait bien de compléter très largement par l’expertise des ostéopathes de terrain affichant une pratique d’au moins 10 ans, c’est le minimum pour une expertise.

Des échanges avec d’autres scientifiques, des études, des pratiques, des analyses et surtout les résultats objectifs des thèses scientifiques, donneront à l’ostéopathie toutes ses lettres de noblesse.

Marseille le 29 avril 2025

Pour un contact plus développé éventuellement : jacques.vigierlatour@gmail.com

 

[1] Tobie Nathan, Le Sperme du Diable. Éléments d’ethnopsychothérapie, Paris, PUF, 1988.

[2] Tobie Nathan, Psychanalyse païenne. Essais ethnopsychanalytiques, Paris, Bordas, 1993 ; édition poche, Paris, Odile Jacob, 2000.

[3] Regards croisés sur l’ostéopathie, philosophie et éthique de la pratique, de Y. Constantinidès, F. Pariaud, De Boeck.

[4] Les humanités médicales de C. Lefève, F. Thoreau, A. Zimmer, aux éditions Institut La Personne en médecine.

[5] Jean-Jacques Wunenburger, imaginaires et rationalité des médecines alternatives, Médecine et Sciences humaines, Les Belles Lettres.

[6] Jean-Marie Gueulette est un religieux dominicain, docteur en médecine et en théologie catholique, habilité à diriger des recherches (HDR) en histoire. Il est enseignant-chercheur à l’université catholique de Lyon, directeur du centre interdisciplinaire d’éthique de cette université et professeur à la faculté de théologie.

[7] https://dominicains-lyon.fr/archives/losteopathie-une-question-sur-lhomme-une-question-sur-dieu/

[8] Jean-Marie Gueulette, L’ostéopathie : une autre médecine, PU Rennes.

[9] La main : tout et partie, in Chirurgie de la main, tome 1, ss dir. R. Tubiana, Masson, 1980, p. 11.

[10] https://theses.fr/2021AIXM0347 Lucie Brosse, Etude des bases moléculaires de la mécanotransduction du système somatosensoriel, école doctorale 62-Science de la vie et de la santé, laboratoire de neurosciences cognitives, thèse présentée pour obtenir le grade universitaire de docteur en neurosciences, soutenue le 29 septembre 2021. Université d’Aix-Marseille.

[11] Géraldine Glasser, Contributions des recherches en mécanobiologie à la compréhension des mécanismes de la L.T.R. (lésion tissulaire réversible), en ostéopathie structurelle. Institut de formation supérieure en ostéopathie de Rennes. Année 2011-2012.

[12] Liège Université, GIGA Institute, Trends in neurosciences https://www.giga.uliege.be/cms/c_6428994/fr/le-role-meconnu-de-la-mecanotransduction-dans-le-developpement-du-cerveau Le rôle méconnu de la mécanotransduction dans le développement du cerveau.

[13] Université Paris Sciences et Lettres. Ecole doctorale de l’École pratique des hautes études (Paris). La prise en charge des grands syndromes cranio-maxillo-faciaux en ostéopathie pédiatrique.

[14] https://osteo-perfectionnement.com/les-concepts.html

[15]

Guillaume Darengosse, mémoire de fin d’études pour le diplôme de compétence en ostéopathie. Recherche bibliographique. Ostéopathie liquidienne : aspects physique et métaphysique de l’apport réel ou supposé de la théorie quantique. Juin 2016.